Les chiens de berger sont des chiens très répandus dans les foyers suisses. Il est donc important d’être au courant que ces chiens sont souvent porteurs d’une mutation génétique leur conférant une plus grande sensibilité à certains médicaments. Le risque pour votre chien est de s’intoxiquer lors de l’utilisation de certaines substances. Que peut-on faire pour les chiens atteints ? Comment savoir si votre chien est à risque ? Comment fonctionne cette mutation ? On vous explique tout !
Le gène MDR1 (pour Multi-Drug Resistance, c’est-à-dire résistance multiple aux médicaments) permet aux cellules du cerveau de synthétiser une pompe qui a pour rôle de rejeter hors du cerveau les substances étrangères et potentiellement néfastes pour le système nerveux central. Lorsque ce gène est muté, la pompe ne fonctionne plus. Par conséquent, le système nerveux des individus porteurs accumule certaines substances qui peuvent alors devenir dangereuses, même lors d’un usage normal des médicaments.
Qui est concerné ? Principalement des chiens de races berger : Colley, Berger Australien, Berger des Shetlands, Berger Blanc Suisse, Border Collie… ainsi que les individus issus de croisement avec ces races. Dès lors que votre chien appartient à ces races, il est potentiellement porteur d’une ou deux copies du gène muté. Pour le savoir, il existe des tests génétiques réalisables en laboratoire spécialisé à partir d’un simple écouvillon buccal envoyé par votre vétérinaire. Si celui-ci ne vous a pas proposé ce test, vous pouvez lui en parler de vous-même.
A quoi sert ce test ? Bien que cette anomalie génétique soit incurable, il est possible de réduire les risques néfastes en évitant d’administrer à votre animal des molécules à risque. En cas de doute sur le statut porteur ou non de votre animal, les vétérinaires ont tendance à bannir d’office ces médicaments de leur utilisation sur des chiens de berger. Toutefois, en ayant fait le test génétique, le statut de votre chien sera inscrit dans son carnet de santé par votre vétérinaire et lui permettra une meilleure prise en charge de votre chien, notamment en urgences. D’un côté, il suspectera plus rapidement une intoxication si votre chien porteur entre en contact avec une molécule à risque. De l’autre, si votre chien est sain et qu’il nécessite un traitement, votre vétérinaire pourra choisir le médicament le plus adapté sans restriction.
Les molécules à risque sont en effet utilisées dans de nombreux médicaments d’usage courant : anti-vomitifs (lopéramide, dompéridone), certains sédatifs ou des antiparasitaires de la famille des avermectines et des milbecymes. Certaines de ces molécules sont présentes dans des médicaments disponibles sans ordonnance comme les antiparasitaires. En tant que propriétaire, il vous appartient donc de faire attention lorsque vous choisissez ces médicaments et de rester attentif à tout signe d’intoxication de votre chien après administration.
En cas d’intoxication, les symptômes apparaissent en moins de deux jours. Le chien présente en majorité des troubles nerveux, avec des pertes d’équilibre, des tremblements, des convulsions voire un coma. On peut aussi trouver des troubles digestifs (salivation, vomissements…) et oculaires (dilatation de la pupille par exemple). A terme, l’animal peut décéder. Dès les premiers signes, il faut donc emmener votre animal en urgence chez le vétérinaire pour qu’il soit pris en charge rapidement. Si ce n’est pas votre vétérinaire traitant et que vous savez que votre animal est porteur de la mutation, n’oubliez pas de le lui dire car cela accélérera la prise en charge.